Les
puces à ADN - Point scientifique
La mise au
point de puces à ADN est née de la nécessité de
visualiser les niveaux d'expression des gènes dans différentes
populations cellulaires. Une puce à ADN est un support physique subdivisé
en milliers de cases dans chacune desquelles on dépose une séquence
d'ADN simple brin contenant un gènre particulier. On dispose sur cette
lame des ADNc obtenus à partir des ARNm issus d'une cellule donnée,
marqués par une molécule fluorescente. L'hybridation reflète
alors les gènes exprimés dans une cellule donnée. De cette
manière, on peut comparer les gènes exprimés dans différentes
cellules (par exemple : cellules différenciées, cellules tumorales).
Le tableau
ci-après présente un exemple de protocole dans le cas où
l'on souhaite comparer le niveau d'expression d'un gène donné
dans deux populations cellulaires différentes.
[Le protocole
détaillé est consultable sur le site de l'ENS - "Plate-forme
transcriptome" à l'adresse suivante : http://www.transcriptome.ens.fr/sgdb/presentation/principle.php]
Etapes
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Modalités
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1.
Fabrication de la puce
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Les fragments d'ADN
dont on souhaite déterminer le niveau d'expression sont amplifiés
par la technique de PCR puis déposés sur une lame préalablement
recouverte de polylysine (cette substance assure la fixation de l'ADN
via des interactions électrostatiques). Ces fragments d'ADN fixé
à un support constituent des sondes. Ces puces sur lame
de verre sont appelées microarrays. Les lieux de dépôts
de l'ADN sur le support solide sont des spots.
L'ADN est dénaturé
pour qu'il se trouve sous la forme simple brin sur la puce, ce qui
lui permettra ultérieurement de s'associer au brin complémentaire
contenu dans la cible.
voir
le schéma de la puce
Remarque : Le
terme " puces à ADN " est un terme générique. Il existe actuellement 2
procédés majeurs de fabrications de puces à ADN ce qui permet de distinguer
différents types de puces : (1) les macro et microarrays avec un dépôt
direct de molécules d'ADN déja synthétisées sur leur
support (2) les puces à oligonucléotides avec la synthèse in situ ( sur
la puce) des sondes oligonucléotidiques sur une surface solide. Avec les
puces à oligonucléotides on peut synthètiser jusqu'à
300000 oligonucléotides représentant 30 000 gènes
sur une puce d'une surface d'environ 1 cm2
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2.
Préparation de la cible
( = préparation
de l' ADN des cellules dont on souhaite étudier l'expression)
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Des ARN sont extraits
de différents types de cellules (notés arbitrairement ici
cellules 1 et cellules 2) pour lesquelles on veut comparer le niveau d'expression
du gène étudié (c'est-à-dire celui qu'on a
fixé sur la puce ). Les ARN messagers permettent d'obtenir des
ADNc par transcription inverse.
Les ADNc sont ensuite
marqués de manière différente : par exemple,
l'ADN des cellules 1 est marqué avec un fluorochrome vert,
tandis que l'ADN des cellules 2 est marqué avec un fluorochrome rouge.
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3.
Hybridation de la cible et de la sonde
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Les ADN marqués
en vert et ceux marqués en rouges sont mélangés (cet ensemble
constitue la cible) puis déposés sur la sonde.
La puce est alors incubée une nuit à 60 degrés : à cette
température, un brin d'ADN s'apparie avec son complémentaire ce qui forme
de l'ADN double brin. Les ADN fluorescents vont ainsi s'hybrider sur
les gènes qui avaient été déposés sur la sonde.
voir
le schéma de la préparation de la cible et de son hybridation
avec la sonde
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4.
Lecture brute des données
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Chaque spot
(c'est-à-dire chaque emplacement sur la puce) est excité par un
laser et on enregistre la fluorescence émise d'une part dans le
rouge , d'autre part dans le vert. On obtient alors deux images dont le
niveau de gris représente l'intensité de la fluorescence lue. En remplaçant
les niveaux de gris par des niveaux de vert pour la première image et
des niveaux de rouge pour la seconde, on obtient en les superposant une
image en fausses couleurs composée de spots allant du vert (cas
où seulement de l'ADN des cellules 1 s'est fixé à
la sonde ) au rouge (cas où seulement de l'ADN des cellules
2 s'est fixé à la sonde) en passant par le jaune (cas
où l'ADN des deux types de cellules s'est fixé en quantité égale).
voir
un exemple de résultat brut
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4.
Traitement des données
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Il s'agit, à
partir des deux images de la puce, de calculer le nombre de molécules
d'ADNc qui se sont hybridées avec les molécules d'ADN
de la sonde. Pour cela, on mesure l'intensité du signal dans la
longueur d'onde d'émission du fluorochrome vert et l'intensité
du signal dans la longueur d'onde d'émission du fluorochrome rouge. Puis
on normalise ces quantités en fonction de divers paramètres (quantité
de cellules au départ , puissance d'émission de chaque fluorochrome, ...).
On suppose que la quantité d'ADNc fluorescent fixée est proportionnelle
à la quantité d'ARNm correspondant dans la cellule de départ et on
calcule le rapport fluorescence rouge / fluorescence verte. Si
ce rapport est supérieur à 1 , cela signifie que le gène étudié
est plus exprimé dans les cellules 2 ; si ce rapport est inférieur à 1,
cela signifie que le gène est moins exprimé dans les cellules 2. On peut
visualiser les différences d'expression d'un gène donné
ou bien comparer les niveaux d'expression de différents gènes
grâce à des logiciels appropriés.
voir
un exemple de données obtenues avec différents gènes
et traitées avec le logiciel Arrayplot
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